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« Aux humains il a donné du jugement, une langue, des yeux, des oreilles, et un cœur pour réfléchir. » Si 17,6
Retrouvez ici les éditos de nos prêtres ! Ils vous aideront à réfléchir ou méditer un sujet, à l’approfondir seul, ou à en discuter avec quelques amis…
Il n’est pas un siècle dans l’Histoire où, quelque part sur la Terre, les Hommes n’ont pensé que l’Apocalypse était arrivé. Avec la fin de leur monde, il voyait advenir la fin du monde.
Ne peut-on parler d’Apocalypse, lorsque la terre se dérobe sous nos pieds et que l’on perd foi en l’homme qui se révèle capable des pires atrocités ? Et que dire de ces gouvernements qui nourrissent la spirale de la vengeance, dont le résultat sera le silence de la mort ? Jésus l’avait pourtant dit… Que servira-t-il donc à l’homme de régner sur des ruines ? Quel modèle de société présente-t-on aux nouvelles générations, lorsque les relations internationales sont guidées par la loi de la haine ? Quel avenir leur offre-t-on lorsque la liberté consiste à assassiner en toute impunité, mais sous couvert des meilleures justifications ? Si l’homme est un loup pour l’homme, selon les mots de Hobbes, alors l’Apocalypse sera toujours de notre temps.
Ne peut-on parler d’Apocalypse, lorsque le ciel nous tombe sur la tête et que l’on perd foi en la présence de Dieu ? Et que dire de ces religieux qui légitiment les pires abominations au nom de leur foi ? Si la théologie devient un prétexte à justifier la politique, l’homme ne s’élève plus au-dessus de sa condition animale. Il sera alors un loup pour l’homme, mais revêtu des ornements d’une morale. Jésus l’avait pourtant dit… Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine son âme ?
Dès lors, en quoi pouvons-nous encore croire ? En quoi pouvons-nous encore espérer ? La réponse de saint Paul fait preuve de la plus élémentaire humanité : « Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi Il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. » Pour ceux qui en appellent à l’Apocalypse, ces mots paraîtront aussi utopiques que sirupeux. Ce serait oublier que la vertu se dit de la force morale, une force d’âme divine qui arrache aux bas instincts. Que pouvons-nous donc attendre de Dieu, si ce n’est le triomphe de l’humanisme ? Ainsi se dévoile le « Fils de l’Homme » que nous reconnaissons en Jésus. Depuis la crèche de Bethléem, Il incarne pleinement l’Homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Et puisque Dieu est Amour, il place la charité comme valeur suprême de l’humanité.
Si la prière ne nous dispensera pas de supporter les épreuves du Temps, que le Fils de Dieu lui-même a subies, elle nous permettra néanmoins de garder sans cesse sous les yeux le modèle que Jésus représente, pour ne jamais oublier que nous avons un cœur, pour ne jamais oublier d’avoir du cœur… Voilà la condition primordiale pour espérer en l’avenir.
Père Raphaël Prouteau, curé
Vient le temps de l’affirmation de notre Espérance dans le retour du Christ pour rassembler toute l’humanité et la présenter à son Père et notre Père, à la fin des temps !
Pendant la célébration de chaque Eucharistie, à deux reprises, nous proclamons l’Espérance des chrétiens, celle du retour proche de Jésus :
Très tôt, dès le début de la prédication de l’Evangile, l’attente du retour de Jésus était au cœur de l’annonce : « le Seigneur va revenir » ; à tel point que l’apôtre Jacques dira « prenez patience, ayez le cœur ferme car la venue du Seigneur est proche ». Et le dernier appel de la Bible, dans le livre de l’Apocalypse, est ce cri du cœur « Viens Seigneur Jésus », impatience du croyant à se trouver en présence de son Sauveur à la fin des temps.
Chaque année, quand se termine l’année liturgique – avant que revienne le temps de l’Avent, puis de Noël et que peu à peu nous ne revivions l’itinéraire de Jésus dans son incarnation puis sa résurrection – les deux derniers dimanches de l’année nous appellent à nous placer dans ce temps de l’Espérance du retour de Jésus :
Ainsi par l’Evangile de ces deux dimanches qui viennent, nous sommes chacun appelés à être, dans notre monde, porteurs d’Espérance ! Dans la réalité de notre monde cela peut sembler complètement décalé ! Au moment où le Pape François nous appelle à entrer, dans un mois, dans le Jubilé 2025 comme « Pèlerins d’Espérance », aidons-nous les uns et les autres à faire de notre paroisse un signe d’Espérance pour notre monde. Cela a bien commencé avec notre journée de rentrée le 6 octobre dernier ! Faisons grandir ce qui a été semé ce jour-là ! Ne nous laissons pas prendre par la morosité ambiante qui vient tuer l’Espérance que nous donne le Christ !
Père Yves Laloux
Audace salutaire
« Seuls les chrétiens seraient-ils des personnes de bien ?» Provocateur, le séminariste espérait briller par ce trait d’esprit, alors que son professeur posait l’épineuse question ecclésiologique : Hors de l’Église, point de salut ? « Les chrétiens seraient-ils les seuls à faire preuve de vertu ? Auraient-ils l’apanage de la sagesse ? Autrement dit, la sainteté leur serait-elle réservée ? » Son audace réveilla la classe, que la douceur automnale berçait en ce début d’après-midi.
– Qu’en pensez-vous ? lui rétorqua le docteur ès théologie. Amusé par l’impertinence de son élève, il l’invitait à ne pas s’en tenir à ces punchlines. Adepte de la maïeutique socratique, il voulait l’amener à répondre par lui-même à ses propres questions rhétoriques.
– Saint Marc raconte, au chapitre 5 de son évangile, qu’un homme demanda à Jésus ce qu’il devait faire pour avoir la vie éternelle. Le Messie lui répondit en le renvoyant à sa connaissance de certains commandements : « ne commets pas de meurtre ; ne commets pas d’adultère ; ne commets pas de vol ; ne porte pas de faux témoignage ; ne fais de tort à personne ; honore ton père et ta mère. » Il est surprenant de constater que le Christ fit référence aux préceptes les plus universels, sans même évoquer les commandements relatifs à Dieu. J’en déduis que le Paradis est promis à quiconque se conduit selon les lois naturelles dictées par sa conscience et indépendamment de la foi, répondit l’élève sans se démonter.
– Toutes mes félicitations pour votre argumentation pertinente, dit le théologien en opinant du chef en guise d’applaudissements. Il est vrai qu’il n’est nul besoin d’être chrétien, ni même croyant, pour adopter ces mœurs salutaires à la vie sur Terre. Elles relèvent d’une sagesse purement humaine. Elles préservent l’harmonie entre les individus, qui n’oublient pas de ne pas faire aux autres ce qu’ils ne voudraient pas qu’ils leur fassent. Pourtant, Jésus ne s’en tint pas là. Pourquoi a-t-il exhorté cet homme de bonne volonté à vendre tout ce qu’il avait, pour entrer dans le Royaume de Dieu ?
– Parce que la charité est indispensable au salut et que la charité se définit comme le don de soi, un don total et donc sans réserve. Comme tout absolu, la charité a partie liée avec Dieu. Comme tout idéal, elle élève l’humanité jusqu’à sa plénitude. Elle lui donne alors d’accéder aux Cieux où, selon Platon, se tient la réalité vraie.
– En invoquant un philosophe païen, vous étendez la sainteté à toute sagesse purement humaine. Quelle est alors la plus-value de Jésus ?
– Je crois en la puissance de la volonté et, en ce sens, je suis foncièrement stoïcien. Les pensées pour moi-même de Marc-Aurèle ressemble à un évangile qui aurait perdu sa dimension religieuse. Comme le Christ, il incite au dépouillement. A la différence du Christ, ce dépouillement n’a pas le goût de la charité mais celui de la liberté intérieure. Pour l’Empereur, il s’agit de vaincre toute peur, puisqu’on ne tient plus à rien. Si l’intention diffère, le résultat est le même : il faut être prêt à tout perdre pour gagner la quiétude éternelle. J’en conclus donc que le Ciel est à portée de main.
– Le Christ serait-il alors inutile ?
– Je ne dis pas qu’il soit inutile ! Je dis que je ne crois pas en lui parce qu’il me serait utile. Je crois au Christ parce que j’ai été saisi par son amour et, comme le disait Cyrano de Bergerac, « c’est bien plus beau parce que c’est inutile. » Je pourrais sûrement être un saint en étant simplement un sage, je pourrais sûrement entrer au Paradis en suivant les meilleurs philosophes. Je n’attends pas du Christ qu’il me soit utile, je veux seulement qu’il fasse partie de ma vie et pour l’éternité.
– Je loue votre courage, car il en faut pour témoigner ainsi de sa relation à Dieu. Vous me faites penser à ces mots de Benoît XVI : « La foi est avant tout une rencontre intime avec Jésus, qui nous permet de faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour. » Si j’admire votre réflexion, permettez-moi d’y ajouter le grain de sel de l’expérience. Avec le temps, nous découvrons que nos idéaux se heurtent à nos limites. Notre volonté s’avère souvent débile et nous ne faisons pas le bien que nous voulions faire et nous faisons le mal que nous ne voulions pas faire. Montrez-moi une seule personne qui n’aie jamais commis de faute ?! A mon sens, le stoïcisme manque de réalisme. Il oublie que, livrés à nous-mêmes et sans un surcroît de force, nous ne pourrons jamais vivre parfaitement selon les lois dictées par notre conscience. En plongeant au cœur des âmes par le baptême, le Christ nous offre cette grâce de vivre pleinement en homme comme Dieu le fit lui-même. Mais cette rencontre peut nous faire peur. Nous pouvons craindre de perdre la main en tenant celle de Jésus. J’ai connu cette peur et je la connais encore parfois. Pourtant, si j’ai souvent été déçu de moi-même, je ne l’ai jamais été du Christ. Mais il faut oser courir le risque de faire cette rencontre… Il faut oser courir le risque de vivre cette sacrée aventure, celle des saints ! »
Père Raphaël Prouteau
Sous le sceau de l’espérance
Philippine, un prénom aux couleurs du soleil levant. Une jeune femme qui était à l’aube de sa vie et dont l’œil pétillait de rêves d’avenir. Autant d’espoirs brisés sur la lame du vice et de l’injustice. Le Mal a encore frappé et le mystère d’iniquité enveloppe la jeunesse de ses épaisses ténèbres. Le désespoir la guette, à mesure que la foi en l’Homme disparaît. Peut-elle encore se fier à quelques saints sur la Terre quand elle découvre avec stupéfaction que même des abbés se livrent à Asmodée ? Le démon de la luxure exerce son influence en toute impunité depuis que, par crainte d’exhiber le châtiment comme une menace, on a effacé l’Enfer d’un revers de plume. Baudelaire avait raison d’écrire que la plus grande ruse du Diable avait été de faire croire qu’il n’existait pas… Ainsi, au prétexte de la miséricorde divine, on a tu la peine due au péché mortel. Mais lorsqu’on omet de dire que les coupables d’orgueil, d’avarice, de luxure, de colère, d’envie, de paresse et de gourmandise auront à rendre des comptes devant Dieu, on participe à accroître la souffrance des victimes ici-bas… On a alors ouvert la boîte de Pandore et les confessionnaux se sont vidés. Mais un espoir brille en leurs fonds désertés, une béatitude qui résonne du tréfonds des âges : « Heureux les doux, ils possèderont la Terre. » Le Smonde appartient aux oints du Seigneur, c’est à dire aux courageux qui appliquent l’onguent de la vertu sur une humanité blessée par le Mal. Saint Jean Chrysostome écrivait ainsi : « Y a-t-il quelqu’un de débauché ? Montre-lui un autre qui est chaste. Quelqu’un de cupide et de rapace ? Montre-lui celui qui donne l’aumône. Quelqu’un de malveillant et de rongé par l’envie ? Montre-lui celui qui est pur de cette passion. Quelqu’un de colérique ? Mets en avant celui qui vit dans l’amour de la sagesse. En effet, il ne faut pas seulement se tourner vers les récits du passé, mais prendre aussi ses exemples dans le présent. » L’Espérance croît dans les cœurs à mesure que la force de la charité opère ici et maintenant. Sa lumière s’impose face aux ténèbres, à mesure que des hommes et des femmes se transcendent pour les autres. Il en est ainsi des âmes de bonne volonté, il doit en être particulièrement ainsi de ceux qui ont reçu l’onction baptismale. S’ils prient, s’ils se confessent, s’ils communient et s’ils s’engagent au service de leur prochain, ils feront lever le soleil divin sur la Terre et donneront à la jeunesse de croire en ses rêves.
Je vous souhaite une bonne rentrée paroissiale, marquée du sceau de l’Espérance !
Père Raphaël Prouteau, Curé
Il est 6h30, lorsque le prêtre fait le signe de la croix qui ouvre le trésor de la messe. Dans un grand silence, il communie aux foyers qui s’éveillent peu à peu et qui s’apprêtent à dessiner leurs destins par le travail de leurs mains. Les yeux tournés vers le crucifix, il prie pour les petits et les grands soucis qui lui ont été confiés et pour ceux qui demeurent dans le secret des cœurs. Le calme de l’église lui permet de prendre son temps et de penser à chacun de ses paroissiens, de ses amis, de sa famille. La quiétude des lieux lui donne de savourer la présence de Dieu. Dès l’aurore, il Le supplie d’offrir sa grâce aux petits et aux grands qui ne demandent qu’à être heureux. Tous font face à des obstacles plus ou moins importants. Les difficultés ne manquent pas et elles s’apparentent parfois au supplice de la goutte d’eau qui, à force de répétition, pourrait les faire désespérer d’eux-mêmes, des autres, de la vie et, ô blasphème, de Dieu lui-même. Alors le prêtre prie aux premières lueurs du jour. Il aimerait faire beaucoup plus, pour subvenir aux besoins des uns et des autres. Mais il se heurte à la réalité. L’argent est nécessaire, mais tout l’argent du monde ne suffirait pas à résoudre tous les problèmes de la Terre. Les soins sont indispensables, mais toutes les maladies ne se guérissent pas. Les amours humaines sont essentielles, mais elles ne compensent pas toutes les peines de l’âme. Une prière monte alors de la Terre… le prêtre en appelle au Ciel. Au moment de prononcer les mots les plus sacrés de sa foi, l’abbé sait que tout espoir est permis, puisque Dieu seul aime jusque dans la profondeur absolue des cœurs. « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous » ; « Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » En élevant l’hostie et le calice, le prêtre a l’intime conviction que Dieu entend la prière de son Fils qui sacrifie sa vie pour ce qu’Il a de plus chers : les petits et les grands qui se confient en Lui. L’Eucharistie est bien l’œuvre par excellence de la foi chrétienne. Fruit de la charité divine, elle nourrit l’amour du prochain qui doit s’incarner au quotidien. Consciente des limites de toute action qui relève des Hommes, elle comble ce qui échappe à leur influence. Humblement, l’Homme s’efface et laisse Dieu agir au plus intime des âmes. C’est peut-être pour avoir oublié cette vocation que l’abbé Pierre, comme tant d’autres, a commis l’irréparable…
Il est 7h et le prêtre a accompli l’essentiel de son office. Simple instrument de la grâce divine, il aura été un pont salutaire entre la Terre et le Ciel. Avec sérénité, il prononce les derniers mots de la messe, qui en offrent le trésor aux Hommes de bonne volonté : « Allez dans la paix du Christ ! »
Père Raphaël Prouteau, Curé
Quod bonum, faustum, felixque sit…
Que ce temps soit bon, propice et heureux !
Cérès s’avance d’un pas gracieux. D’une main, elle tient la faucille pour
moissonner les blés et, de l’autre, elle porte la corne d’abondance qui regorge de fruits. Cette idole symbolise la période estivale, où l’on récolte le fruit de son travail ; où les vacances sont le point d’orgue d’une année de labeur ; où certains poursuivront leurs tâches pour que d’autres puissent lâcher prise. Et si la jalousie pointait à l’horizon, l’exhortation de Saint Paul résonnerait comme une invitation à la générosité : « Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie » (Rm.12, 15), de cette joie qui irradie les âmes et qui les fait s’écrier : « Quod bonum, faustum, felixque sit ! Que ce temps soit bon, propice et heureux ! » L’été en appelle à la chaleur des cœurs, qui se dilatent sous l’influence de la liberté. Quel plaisir d’être libérés de toute obligation ! Nous pouvons enfin disposer des heures à notre guise et vivre au gré de nos envies. En famille, entre amis ou même seul à apprécier cette retraite de la vie ordinaire, nous prions avec Lamartine : « Ô temps, suspends ton vol ! Et vous, heures propices, suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours ! » Attention néanmoins, nous avertit encore saint Paul, « que cette liberté ne soit pas un prétexte à satisfaire notre égoïsme ; au contraire, mettons-nous, par amour, au service les uns des autres. » (Ga. 5, 13) Il n’est d’autre bonheur que celui que l’on partage, mettant tout en œuvre pour que tous jouissent du repos de l’âme, de l’esprit et du corps. Pour réaliser la prouesse de la charité, que d’aucuns appelleraient l’altruisme, nous pouvons puiser dans la corne d’abondance divine. Les fruits de l’Esprit Saint s’y offrent à profusion : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga. 5, 22-23) Placés en exergue de nos journées, chacun de ces mots représente un principe à suivre et une prière à formuler. C’est alors que, tel Cérès, nous nous avancerons d’un pas gracieux dans cette trêve estivale. À la lumière de Dieu et au souffle de son Esprit, nous ferons nôtres ces vœux que nous nous adressons mutuellement et de tout cœur : Quod bonum, faustum, felixque sit… Que ce temps soit bon, propice et heureux !
Père Raphaël Prouteau, Curé
Si j’étais président…
Femme ou homme, il est permis de céder à l’imagination. Puisque nous sommes appelés à présider à nos destinées, autorisons-nous une excursion aux confins de l’absurdité… Et si Dieu demandait à chacun de se lever, du milieu de ses frères, pour en assurer la présidence… Quel président serais-je ?
Je serais un président dont l’autorité ne tomberait pas du ciel, comme si elle s’imposait de facto et m’extrayait de la condition humaine et de ses vicissitudes. Je serais un chef qui germe de la terre, nourri de la culture commune à mes contemporains, afin de connaître les problématiques actuelles. Je serais ainsi le médiateur entre les aspirations personnelles de mes concitoyens et le bien commun, qui transcende les intérêts particuliers. Je sais qu’il me faudrait alors faire face aux hostilités. Gardien de la cohésion générale, je ne pourrais satisfaire toutes les attentes individuelles. Prophète d’un humanisme forgé au cours des siècles et pétri aux mains du Christ, il me faudrait protéger les hommes des atteintes à leur dignité. Je dénoncerais l’impureté sous toutes ses formes. L’impureté des esprits qui manquent de transparence, lorsqu’ils ne pensent pas ce qu’ils disent ; lorsqu’ils ne font pas ce qu’ils disent ; lorsqu’ils ne sont pas simplement authentiques. L’impureté des esprits, qui troublent l’innocence en se jouant des sens et dissocient les expressions physiques des sentiments. L’impureté des esprits qui avilissent le corps, en l’exploitant comme une denrée consommable. L’impureté qui macule la grâce de vivre, lorsque l’existence de tout un chacun n’est plus protégée comme un bien suprême, de sa conception à sa fin naturelle. L’impureté qui salit le respect dû à quiconque, en pensée, en parole, par action ou par omission.
Mais qui suis-je pour endosser un tel rôle ? Vaudrais-je mieux que quiconque ? Et si j’étais pris en faute, perdrais-je pour autant toute fiabilité ? Les critiques ne tarderaient pas à pleuvoir, car il y aura toujours des défauts et autres manques à pointer du doigt. Il ne s’agirait pas de me défendre, mais de protéger la fonction présidentielle. Héritée de l’autorité compétente, elle est de droit divin, quand elle veille au cœur des hommes pour en bâtir la civilisation. La tentation d’une posture jupitérienne me guetterait sûrement. Ne devrais-je pas me rendre inaccessible et sauvegarder un rôle, qui ne peut dépendre de ma personnalité ? Ne devrais-je pas sacrifier à la transcendance de la fonction, qui ne peut s’accorder avec la volonté de demeurer parmi les hommes comme un individu normal ? En son temps, Moïse était revêtu d’un voile qui le séparait du peuple et de Dieu. Ses traits s’effaçaient au profit de sa mission. Il n’était pas un homme comme les autres, puisqu’il les dirigeait au nom du Seigneur, mais il n’était pas Dieu pour autant. Un chef devrait-il accepter de ne plus seulement appartenir au monde, sans néanmoins résider dans l’Olympe ? Capharnaüm était de ces entre-deux. Ville cosmopolite, elle fut le témoin du charisme d’un homme qui n’en était pas simplement un, d’un Dieu qui n’en était pas uniquement un… Jésus s’y révéla d’une autorité qui s’impose d’elle-même. Il eut pu adopter une attitude hiératique, mais il n’en fit rien. Il choisit de se présenter comme un homme qui se souciait du bien de ses congénères, qui parlait avec l’autorité que confère l’authenticité. Il soignait par l’humilité. « Tais-toi ! » dit-il au démon qui voulait sournoisement titiller son orgueil. Il ne chercha pas à accroître sa réputation, seulement à délivrer un cœur de sa prison intérieure. Cela se fait rarement sans heurts. Lorsque l’âme s’arrache à ses fautes, elle accuse souvent celui qui la guérit. Le mal se défend, mais Jésus était persévérant. Il agissait pour le bien de ceux dont il avait décidé de partager l’humaine condition, cela seul lui suffisait.
De retour à la réalité, je sais devoir d’abord gouverner ma propre vie. En demeurant parmi les miens, sans aucune autre prétention que de servir à leur bien, je trouve la raison première d’une autorité normale : faire preuve d’humanité !
Père Raphaël Prouteau, curé
Dans la première semaine des vacances de printemps (du 6 au 12 avril 2024), près de 2000 personnes du diocèse de Versailles ont participé au pèlerinage diocésain à Lourdes.
Certaines personnes, malades-soignants-accompagnateurs, étaient à l’Hospitalité ; des jeunes étaient avec le pèlerinage des collégiens ; d’autres étaient avec les groupes de paroissiens. De la Vallée de Chevreuse, il y avait des participants dans les trois groupes.
Ce pèlerinage permet de vivre un temps fort marqué par la rencontre de Bernadette et de Marie dans la découverte des lieux, des célébrations. Mais il y a aussi toutes ces rencontres marquées par la simplicité et la bienveillance qui permet à chacun, malade ou bien-portant jeune ou âgé, de trouver sa place avec les autres dans cette très grande diversité. C’est une très grande expérience humaine et chrétienne.
Les quatre témoignages diront beaucoup plus que mes mots !
Le pèlerinage diocésain à Lourdes l’an prochain aura lieu du 21 avril 2025 au 26 avril 2025.
Père Yves Laloux
Deux collégiens témoignent :
« Lors du pèlerinage à Lourdes, j’ai beaucoup aimé aller prier à la Grotte ; le geste de l’eau m’a beaucoup marqué. Quand on marchait et qu’on récitait le chapelet, cela nous donnait envie de marcher. Les Messes avaient quelque chose de spécial. Quand les prêtres nous faisaient des topos, c’était très intéressant, cela nous apprenait plein de choses sur Dieu. Pendant ce pèlerinage, nous étions vraiment déconnectés de tous nos problèmes car on était dans une ambiance de prière et de louange. » François PERRIN
« Dans ce pèlerinage, ce qui m’a beaucoup ému c’est la procession mariale : toutes ces personnes différentes, réunies pour Marie m’ont fait comprendre à quel point Elle est importante pour beaucoup de personnes. J’ai beaucoup aimé les chants et les prières de ce pélé. Merci de m’avoir fait vivre ce temps de ma vie de chrétien. » Emile RUIZ
Avec le groupe des paroissiens :
« C’est la première fois que j’allais à Lourdes ; j’ai bien compris qu’il est préférable de faire le voyage en pèlerinage plutôt que seul ; car, en plus du côté « guérison », le côté relationnel de cette expérience est précieux. Notre petit groupe paroissial se retrouvait matin, midi et soir pour les repas, mais aussi pour les laudes et les vêpres où nous rejoignaient des membres d’autres groupes paroissiaux logeant dans le même hôtel que nous. Nous avons aussi pu découvrir les lieux où a vécu Bernadette, mieux comprendre son histoire de sa rencontre avec Marie, découvrir le sens des différents signes qui sont donnés à Lourdes. Ainsi, nous avons pu faire connaissance entre nous et renforcer des amitiés existantes.
Puis chaque matin, il y avait une Messe, soit pour notre diocèse (2000 personnes) soit avec tous les pèlerinages présents à Lourdes, dans la basilique Saint Pie X :8000 personnes, 5 évêques ! C’est pendant cette Messe que j’ai vraiment ressenti la force de la Foi : quand 8000 personnes prient, chantent et communient en union d’une seule voix : c’est très puissant et cette force peut faire bouger les choses ! La présence de nombreux malades nécessite une organisation très efficace ; c’est très impressionnant !
Je reviens avec des souvenirs de moments de partage chaleureux et de Foi renforcée en la prière vécue ensemble. » Kate GUYOT
Avec l’Hospitalité :
« Cette année, je suis partie seule, comme kiné, toujours au sein de l’Hospitalité, expérience différente d’une autre participation quand j’étais partie avec ma famille. Mais expérience aussi riche ! Je logeais à l’hôtel avec des amis ; je faisais des va-et-vient vers l’Hospitalité pour prendre soin de quelques malades. L’Hospitalité était comme une ruche joyeuse où tout le monde avait son rôle bien défini, orchestré de main de maitre par les organisateurs. Les malades, un peu inquiets au début, se sont vite épanouis au contact des soignants disponibles et de tant de jeunes à leur service. J’ai été touchée par beaucoup de courage, d’entraide, de confiance, d’amitiés naissantes, d’humilité et d’engagement de la part des soignants. En arrivant, j’avais oublié la beauté de ce lieu, entouré de montagnes (il y avait encore de la neige), le Gave qui coule au milieu du sanctuaire et des lieux de prière et de recueillement. La prière des milliers de pèlerins m’a beaucoup portée pendant tout ce séjour.
Lourdes est vraiment un lieu extra-ordinaire, « une église dans l’Eglise », comme nous l’a dit notre évêque. J’étais entourée de milliers de personnes, sans aucune impression d’oppression, au contraire ! Tant de bienveillance, de sourires, d’entraides, de partages… J’y ai senti cette grâce, lien entre pèlerins de tout âge, de toute forme physique et venant des quatre coins du monde, ce lien qui devrait unir tous les hommes, ce lien de fraternité. » Nathalie Lenenaon
Entre Pâques et Pentecôte, alors que Jésus va donner son Esprit Saint à ses disciples pour les envoyer en mission avant de retourner près de son Père, lors de l’Ascension, Jésus donne ses consignes à ses disciples !
Il leur dit que leur vie, à sa suite et en fidélité à sa Parole, est faite pour porter du fruit ! Promesse d’une vie qui s’accomplit dans la réalisation de cette mission ! Pour cela, il nous faut rester accrochés à la Parole que le
Christ nous donne. Dans cette fidélité, il y a une source de joie : celle qui habite Jésus dans sa fidélité à la Parole de son Père !
Puis Jésus dit à ses disciples que cette fidélité au Christ nous appelle à faire de notre vie une vie donnée par Amour des autres comme Lui l’a fait de sa vie par amour de Dieu et des Hommes !
C’est ainsi que notre vie, dans cette fidélité au Christ, porte promesse de fruits ! Ces fruits ne nous appartiennent pas ; par des chemins qui nous sont inconnus, ils sont l’action de l’Esprit Saint dans le monde, gratuité du don qui
nous est fait, à nous et à ceux vers qui nous allons pour donner l’Evangile !
Reconnaitre ces fruits, les laisser grandir sans se les approprier, c’est participer à faire reconnaitre la gloire de Dieu, c’est se réjouir avec Lui de voir notre monde s’ouvrir à l’Evangile ; c’est célébrer l’action de l’Esprit Saint
qui nous pousse à aller à la rencontre des hommes et des femmes de notre temps pour leur dire de quel Amour ils sont aimés !
Aidons-nous à reconnaitre les fruits de l’action de la Parole du Christ dans la vie de notre paroisse, sous peine de perdre l’Espérance, celle que nous donne la Résurrection du Christ !
Père Yves Laloux
La porte du tombeau se ferme sur Jésus et la vie suit son cours. En ce vendredi soir, c’est une affaire réglée pour ses meurtriers ; un fait divers pour les curieux ; un drame pour ses amis. L’histoire de Jésus sera appréciée diversement, selon la relation que chacun aura nouée avec lui et selon l’intérêt que chacun y aura trouvé. Mais tous savent que le temps fera son œuvre et que Jésus sera vite relégué aux souvenirs du passé. La vie suit toujours son cours, inéluctablement…
Alors les heures passent, mais Jésus demeure présent. Il agite les conversations et personne ne trouve le repos. Les grands prêtres et les pharisiens craignent que les disciples ne dérobent son corps et ne prétendent qu’il est ressuscité. Tous leurs efforts pour le faire oublier auraient alors été vains. Les apôtres s’apitoient sur leur sort de parias et relisent leurs vies à l’aune des espoirs déçus. Les saintes femmes attendent désespérément la fin du sabbat, pour rendre à Jésus les derniers hommages et tourner enfin la page. Mais tous s’accrochent au même espoir : le temps fera son œuvre ; les cœurs s’apaiseront et Jésus finira par appartenir aux bons ou aux mauvais souvenirs, selon ce qu’il représente pour chacun. La vie suivra son cours, inéluctablement…
Les jours succèdent aux jours et les premières lueurs de l’aube poignent à l’horizon. Grâce à cette lumière qui nous vient du ciel, chaque matin est comme une victoire sur la mort. Qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve ou que le soleil brille, la vie renaît sans cesse… La nature se révèle majestueuse. Elle a puissamment triomphé des ombres de la nuit et tout semble beau à la diurne clarté, puisque la vie suit toujours son cours…
En ce dimanche matin, les rues de Jérusalem résonnent du pas des femmes qui se hâtent. Dès potron-minet, elles se rendent au tombeau pour embaumer la dépouille de Jésus. Elles l’y ont laissée trois jours durant, espérant que le temps n’aura pas déjà fait son œuvre destructrice. Elles s’apprêtent à trouver un corps tuméfié, enlaidi par la fureur des hommes. Elles veulent lui rendre sa beauté, en lui apportant quelques soins. Mues par cette intention, révélatrice de la noblesse de leurs sentiments, elles méritent d’entendre ces mots inouïs : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » Jésus est ressuscité et la vie suit son cours… Jésus est ressuscité et seules les belles âmes en sont témoins. Car la résurrection est affaire de beauté. Elle est l’œuvre du Christ, à qui correspondent à merveille ces mots du poète : « Il faut sauver le monde par la beauté. La beauté du geste, la beauté de l’innocence, la beauté du sacrifice, la beauté de l’idéal. » La Résurrection est le fruit de la Passion, dont chaque geste manifeste la pureté d’un Dieu qui aime jusqu’au sacrifice de Lui-même, offrant la figure idéale qui révèle, si les Hommes se laissent guider par elle, leur beauté intrinsèque. Et ainsi la vie suit son cours, éternellement !
Père Raphaël Prouteau, curé
Joyeuses Pâques, Christ est ressuscité !
Bientôt la fête des Rameaux !
Quand approche le dimanche des Rameaux, la Liturgie nous fait revivre le chemin de Jésus dans sa Passion. Passion de Jésus pour l’Homme, Passion de Jésus pour Dieu ; mais aussi Passion que Jésus subit à cause du rejet des hommes et pas seulement des hommes de son temps !
Tout au long des évangiles, nous sommes en face de cette réalité ! Dans le récit de la Passion de Jésus que l’Eglise nous donne à entendre une nouvelle fois en ce jour des Rameaux – jour où Jésus est acclamé par la foule de ceux qui le suivent, avant d’être rejeté –tout semble se terminer par une pierre qui est roulée pour fermer le tombeau dans lequel le corps de Jésus-mort a été déposé : cette pierre est comme un point final !
« OR » ! Dans le récit de saint Marc, sitôt posé ce « point final », est posé ce mot : OR ! Comme s’il laissait percevoir un rebondissement à venir, inattendu, inespéré !
Il y aura ces trois jours, apparemment vides, avant que n’éclate au grand jour la Résurrection de Jésus, bouleversement total de l’histoire de l’humanité !
Lumière pour tous les hommes ! Lumière que l’Eglise a pour mission, pour service de porter au cœur de notre monde ! Cette lumière vient repousser les ténèbres de la désespérance, du découragement qui semble écraser l’humanité devant le poids des évènements aujourd’hui.
Comme chrétiens, nous avons à repérer dans le déroulement des jours tous ces moments, fragiles et discrets, qui nous disent que l’Espérance n’est pas un rêve vide, mais bien une force pour vivre.
Le Christ, par sa vie, sa Passion, sa Résurrection vient rendre témoignage à la Vérité : Oui, Dieu veut la Vie pour tous les hommes ; et la Résurrection de Jésus, passée par sa Passion est la Porte pour nous tous ! Et nous, chrétiens, nous serviteurs de l’annonce de cette Vérité pour la vie des hommes d’aujourd’hui ! Bien de nos contemporains nous attendent, même s’ils ne savent pas comment nous le demander !
Père Yves Laloux
A la hauteur ?!
Sommes-nous à la hauteur de l’image que nous nous sommes faite de nous-mêmes ? En passant, un poète chantait la nostalgie des héros que nous rêvions d’être et qui se sont évanouis au fil du temps. « Doucement reviennent à notre mémoire nos déroutes anciennes, les fontaines qui coulent jusqu’où s’échouent les promesses éteintes et tous nos vœux dissous », écrivait-il avec lyrisme. Sommes-nous à la hauteur du temple que nous avons édifié pour garder le trésor de nos idéaux ? La réponse n’est sûrement pas des plus simples. Nous aurons connu des victoires et des défaites, au point de reprendre à notre compte ces mots de Pascal qui décrivait ainsi notre nature : « Qu’est-ce que l’homme ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. » Au regard des misères de l’âme, certains se laissent gagner par le nihilisme. Ils ne croient plus en rien, parce qu’ils ne croient plus en l’homme. Et puisque Feuerbach, prophète de l’athéisme, disait que « l’homme est le modèle original de son idole », on peut dire que l’idole est tombée. Elle s’est brisée sur la pierre de la dure réalité. Selon ces cyniques, nous ne serons jamais à la hauteur de l’image que nous nous sommes faite de nous-mêmes. Nous ne serons jamais ces dieux que nous avions imaginé devenir. Désormais, il faudrait chanter un monde désenchanté et tout idéal serait perçu comme une naïveté. Mais peut-on éteindre la flamme des rêves ? Si nos manquements la font vaciller parfois, elle demeure toujours comme une lueur d’espoir… Au tréfonds de notre âme, elle éclaire une parole que Dieu y a inscrite dès notre naissance : « tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » (Is. 43, 4) Nous valons donc quelque chose et, même si nous ne sommes pas tout ce que nous avions imaginé être, nous ne sommes pas rien non plus. Alors, entre idéalisme et cynisme, quel réalisme nous faut-il adopter ? Nul ne peut prendre la route de la vie sans suivre un cap. Nous avons tous besoin d’idéaux pour guider nos pas. Nous retrouvons ici le sens des codes de lois bibliques qui dessinent, avec le visage du croyant, le visage de l’Homme digne de ce nom. Nous avons certes besoin d’idéaux mais tant que l’Homme ne s’appuiera que sur lui-même il s’écroulera. L’expérience en témoigne : par nos seules forces nous ne serons jamais absolument à la hauteur de nos aspirations. La vie aura détruit le sanctuaire de nos illusions. Il en fut ainsi du Christ. On avait rêvé de lui, comme on aurait aimé qu’il satisfasse nos envies de gloire mondaine. Et si nous pouvions être admirés comme on contemplait le Temple de Jérusalem ! On avait rêvé de lui, comme on aurait aimé qu’il fasse de nous les meilleurs des hommes, pour briller aux yeux de Dieu et du prochain… Et Jésus brisa cette idole que nous avions façonnée. « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Qu’est-ce qu’une idole, si ce n’est une image sans consistance ?! Le Christ fuyait comme la peste la superficialité et le mensonge. Par sa passion et sa mort, il brisa donc l’idole pour laisser resplendir l’icône, c’est à dire la représentation véritable de sa personnalité. « Vraiment, cet homme était le fils de Dieu » (Mt. 27, 54), dit le Centurion au dernier soupir de Jésus qui s’était revêtu de nos péchés. Quand on perd l’idole de nous-mêmes, on peut alors ressusciter notre être intérieur, autrement dit notre âme. « Détruisez ce sanctuaire », nous demande Jésus. Avant que nos erreurs et nos fautes se chargent de briser l’image que nous nous sommes faite de nous-mêmes, il s’agit de renoncer à l’illusion d’être un homme de bien par nos seules forces. « En trois jours, je vous relèverai », nous promet Jésus. Nous serons à la hauteur de nos espérances, et même nous les dépasserons, si nous savons nous confier à Dieu. Il fera alors resplendir en nous l’icône de la divinité, qui dessine les traits de notre âme.
Père Raphaël Prouteau
De cœur et d’esprit
Jésus est fatigué des caricatures grossières… Il est fatigué d’entendre que le Carême est si souvent réduit à une question de chocolat, au point d’en faire un film*. Au cœur d’une intrigue qui se passe à Flavigny-sur-Ozerain, un village bourguignon qui ne compte pas moins d’une église paroissiale, un séminaire et une abbaye, une chocolaterie devient le temple de la vie. Il émane d’elle un parfum de tolérance et de fraternité. Elle fait alors contrepoids à l’Église qui prône l’austérité qui dessècherait le cœur. Avec elle, le chocolat combat le jeûne et, avec lui, le plaisir remporte le prix du bonheur. Mais pourquoi se moquer ainsi du Carême ? Pourquoi le dénigrer de la sorte ? Saint Paul disait pourtant que « le règne de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson » (Rm. 14, 17) Qu’importe de se priver ou non de chocolat, la sainte quarantaine se situe à un autre niveau.
Même si la mode du « Dry January » est un exemple actuel qui nous rappelle que la privation est incontournable pour recouvrer la forme physique, le carême est beaucoup plus spirituel. C’est de la santé de l’âme qu’il s’occupe. A propos d’une controverse sur les interdits alimentaires, Jésus rétorquait : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur (…) Tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre pour être éliminé (…) Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans et rend l’homme impur. » (Mc. 7, 15-23)
Le Carême vise donc les pensées et les sentiments que l’on nourrit. Nous ne sommes pas nécessairement responsables de ces idées et de ces sensations mais coupables de les alimenter. Il s’agit donc de jeûner de cœur et d’esprit. La privation de menus plaisirs et le renoncement temporaire à la bonne chair en sera la voie. Un bon Carême commence par une introspection, pour discerner ce qu’il faut purifier dans notre mode de vie, une introspection guidée par l’aumône que Saint Augustin présentait en ces termes : « La première loi est de ne faire de tort à personne, la seconde, de faire du bien à qui l’on peut. »
Père Raphaël Prouteau, Curé
*Le Chocolat, 2000
Le Sacrement des Malades
Quand l’âge devient pesant, quand la fatigue arrive plus vite, quand la maladie entraîne des complications lourdes, quand vient le moment où il peut être raisonnable d’envisager la fin de vie et de s’y préparer, mais aussi quand le rythme de la vie nous oppresse au point de nous faire arrêter nos activités pour se refaire une santé, alors il peut être bon d’envisager de célébrer le sacrement des malades !
Par ce sacrement – deux gestes et une parole- l’Eglise nous dit que le Christ est avec nous dans cette réalité de maladie ou de vieillissement, avec son lot d’incertitude, de mal-être, de souffrance, de doute, de solitude… oui, par ce Sacrement, l’Eglise nous assure de cette présence bienveillante de Jésus qui nous apporte confiance et réconfort.
Lors de l’imposition des mains et de l’onction de l’huile des malades, le célébrant nous dira, au nom de l’Eglise : « Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande miséricorde, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tout péché, qu’il vous sauve et vous relève. »
Ainsi sera manifestée cette présence bienfaisante de Jésus à vos côtés, Lui qui vous donne sa paix et sa force dans ce sacrement pour vivre cette situation qui est la vôtre.
Père Yves Laloux
Prenez le temps de bien lire les trois lectures de chacun de ces dimanches (14 et 21 janvier) ! En effet, une chose m’a étonnée dans cet ensemble : de nombreux appels sont lancés, que ce soit à des personnes ou à des groupes, que ce soit par Dieu directement ou par des envoyés. J’ai repéré huit circonstances différentes qui portent un appel ! Si vous les repérez, n’hésitez pas à en parler ! Mais on peut se demander pourquoi une telle insistance à lancer ainsi des appels ; une petite phrase de Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, peut nous aider à comprendre « le temps est limité…il passe ce monde tel que nous le voyons ». Oui, il y a urgence à ce que nous devenions acteurs du projet de Dieu pour notre humanité et auquel Il veut nous associer chacun. Cela peut sembler un rêve quand on voit la situation de notre monde et les nombreuses questions qui se posent à notre humanité et à notre Eglise ! Et pourtant Dieu ne peut rien sans nous ; les appels de ces textes nous montrent combien Il compte sur nous, et combien Il vient nous chercher ! Car Dieu est impatient ; en effet, Il montre ainsi combien Il tient à nous ! Bien sûr, nous pouvons faire la sourde oreille ! Mais peut-être aussi, pouvons-nous accepter de nous laisser toucher de compassion (comme Jésus l’a fait devant les personnes qu’Il a rencontrées) devant tant de nos contemporains en solitude ou en désespérance ou en pauvreté (de quelque sorte que ce soit !) ; peut-être pouvons-nous nous laisser 2 bousculer par cette Parole de Dieu et découvrir comment nous pouvons répondre à son Appel. Nous ne pouvons pas continuer à gémir sur la situation de notre monde, de notre Eglise sans rien faire ; comme le dit saint Paul « il est temps de sortir de votre sommeil ! ». Je crois fortement que notre monde a besoin de voir que l’Espérance des chrétiens, fondée sur la mort et la résurrection du Christ, n’est pas un rêve ni une illusion. Il y a urgence à ce que nous répondions à ces appels que nous donne la Parole de Dieu. Redécouvrons l’audace de témoigner de la force de vie qu’est pour toute personne l’Evangile de Jésus Christ.
Père Yves Laloux
Il était une fois la crèche. En l’an 1223, elle fit son apparition sur le parvis de l’église de Greccio, quand saint François d’Assise imagina d’incarner le récit de la naissance de Jésus. Depuis 800 ans à présent, elle réjouit les petits et les grands. 800 ans et elle resplendit d’une éternelle jeunesse, comme tout ce qui touche au coeur. Une atmosphère de paix émane de cette étable, où la réalité le dispute au symbole. À la lumière de l’étoile, un voile se lève sur la profondeur d’un mystère. La grotte de Bethléem n’est pas un simple refuge, qui abrite la sainte famille. Bien plus, elle fait écho aux Hommes des cavernes qui, à l’instar de Platon, voyaient en elle l’image de l’âme humaine. En son sein, Jésus repose dans une mangeoire, lui qui naquit dans un village, dont le nom se traduit par « la maison du pain. » Ce n’est plus seulement un nouveau-né que l’on contemple, mais la manne descendue du ciel, qui nourrit déjà les coeurs affamés d’amour. Près de lui, se tient sa jeune mère. La Vierge n’est pas seulement un miracle, elle est une promesse qui s’adresse à toutes les générations : Dieu n’enlève rien, il donne tout. Une promesse assortie d’un principe immuable : l’inviolabilité de la personne humaine, qui devra toujours être aimée pour elle-même et qui ne devra jamais être l’objet d’une convoitise. Aux côtés de Marie, Joseph veille. Modèle de chasteté, il renonça aux désirs légitimes de la nature pour répondre à sa vocation : protéger et servir. Son dévouement sans faille et le don totalement désintéressé de lui-même en font un pilier. On ne peut s’appuyer que sur ceux qui savent aimer de cette manière. Jésus lui doit aussi la vie. Au fond de la crèche, un boeuf et un âne prodiguent la chaleur. Ils sont chez eux dans cette étable et ils offrent le gîte que les hommes ont refusé au fils de Dieu. À eux seuls, ils convoquent toute la Sainte Écriture. Ils réalisent la promesse d’Isaïe, qui avait dénoncé l’indifférence et jusqu’au mépris du peuple à l’égard de son Dieu : « Cieux, écoutez ! Terre prête l’oreille ! Car l’Éternel parle. J’ai nourri et élevé des enfants. Mais ils se sont révoltés contre moi. Le boeuf connaît son possesseur et l’âne la crèche de son maître. Israël ne connaît rien. Mon peuple n’a point d’intelligence » (Is. 1, 2-3) Ces deux bêtes de somme ont visiblement plus de foi que les hommes qui ont dévoyé leurs voies devant le Seigneur. Sûrement représentent-elles un appel à l’humilité, pour ne jamais perdre notre humanité. À pas feutrés, des bergers se pressent à l’entrée de l’étable. Ils veulent voir la merveille annoncée par les anges. Ils sont les premiers invités au spectacle de l’amour incarné. Qu’ont-ils à offrir ? Quelques agneaux, en signe de pureté pour compenser leurs âmes burinées par la vie, et leur seule compagnie. Ce n’est rien aux yeux du monde, mais c’est tout aux yeux de ceux qui savent ce qu’il en est de l’Amour. Au soir de Noël, notre seule présence est le plus beau cadeau que nous puissions faire à l’enfant Dieu. Quels personnages serons-nous donc ? Quels symboles représenterons-nous ? L’histoire de la crèche ne fait que commencer !
Père Raphaël Prouteau, curé
Cette année, un record va être battu : celui du nombre de calendriers de l’Avent qui auront été publiés ! Il y a même un calendrier de l’Avent qui, jour après jour, nous fait découvrir un évènement des jeux olympiques passés ! Ce qui m’étonne, c’est que ce calendrier nous fait regarder en arrière alors que l’Avent nous annonce un évènement qui vient ! Bien d’autres calendriers sont, en fait, des publicités pour des produits à acheter ; là encore, je suis étonné ! Je crois que l’Avent nous annonce un don gratuit pour Noël : celui que nous fait Dieu de la naissance de Jésus !
Manifestement notre monde a oublié ce que nous annonce la fête de Noël ! Peut-être que tous ces calendriers manifestent que bien de nos contemporains se protègent du côté « étonnant » et même « dérangeant » de Noël ! Car annoncer un Sauveur pour tous les
hommes et nous faire nous tourner vers un enfant : n’y a-t-il pas là un malentendu ? Comment envisager que cela soit possible ? Un enfant Sauveur de l’humanité ! Cette humanité qui a tellement de difficultés à se donner les moyens de vivre !
Alors, cette fête de Noël est-elle un rêve pour apaiser les inquiétudes, les peurs, les angoisses que bien des informations nous assènent à longueur de temps ? Acceptons d’être dérangés dans nos schémas humains ; acceptons d’être conduits au-delà
de nous-mêmes ! Dieu par Jésus vient au milieu de notre humanité pour nous dire de quel Amour nous sommes aimés. C’est bien dans cette fragilité de l’enfant qui naît dans la crèche que Dieu veut nous faire connaitre la puissance de son Amour pour tous !
Acceptons d’être étonnés de découvrir que les moyens de Dieu ne sont pas les nôtres ; si nous voulons donner une vraie consistance à notre humanité il nous faut passer par le don de nous-mêmes dans le service des autres, quitter la faim de possession pour être dans un dépouillement qui permet de se laisser combler par l’Amour de Dieu et des autres, se laisser conduire par cette lumière qui nous sort de tout ce qui est ténèbres dans notre monde !
Acceptons de reconnaitre que, dans ce monde déboussolé qui ne sait plus vers qui se tourner pour survivre, c’est bien dans cette fragilité de Noël que nous pouvons trouver une force d’Espérance pour construire une humanité où le plus fragile trouvera sa place ! Noël porte en germe l’annonce de la Résurrection du Christ, après sa Passion et sa Mort ! Il y a bien promesse de vie, de joie, de paix pour tous ! C’est bien cela que nous cherchons tous ! Bonne route vers Noël !
Père Yves
Sur une île paradisiaque, des enfants chantonnent une comptine, en jouant à des jeux innocents. Ils viennent d’échapper aux griffes d’un atroce trafic qui génère 150 milliards de dollars par an. Ils doivent leur salut à l’engagement sans faille d’un homme de foi.
L’agent spécial Tim Ballard aura risqué sa vie, pour entendre le son de la liberté, le son de la plus chère des libertés : le souffle des enfants de Dieu qui crient à la pureté, au respect de leurs corps, à l’amour de leurs âmes. Devant l’écran de cinéma, qui relate leur histoire, les larmes perlent aux coins des yeux et une interrogation nous obsède : « Qu’avons-nous fait pour les autres ? Avons-nous déjà risqué notre tranquillité pour eux ? » C’est d’ailleurs la seule question que Dieu nous posera au seuil du paradis. Peut-être répondrons-nous que nous avons prié avec ferveur pour les victimes des perversités de toutes sortes, lors de prières universelles inspirées ou de veillées enflammées… Mais Jésus rétorquera sans détour : « Ce n’est pas en me disant : « Seigneur, Seigneur », qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. »1 Si la prière n’est pas suivie des faits, quelle en est la valeur ? Il ne s’agirait pas qu’elle devienne l’occasion de nous défausser de nos responsabilités et de nous acheter une bonne conscience par de simples vœux pieux. « Au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour. » Par ces mots, Saint-Jean-de-la-Croix nous ramène au centre névralgique de notre vie : « Que faisons-nous pour les autres ? » Une question à laquelle nous ne pouvons-nous dérober et à la réponse de laquelle les incroyants nous font parfois la leçon. Ils sont nombreux à s’être portés au secours des autres, à les avoir nourris, à les avoir abreuvés, à les avoir vêtus, à les avoir visités en prison ou sur leurs lits de souffrance et de solitude.
Et pourtant, jamais ils ne l’ont fait au nom de Mt. 7, 21. 2 la foi, jamais ils ne l’ont fait consciemment pour Dieu… Ils l’ont simplement fait. Ils l’ont simplement fait par pure humanité. Aux félicitations du Divin Juge, ils répondront tout étonnés : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir ; assoiffé et de te désaltérer ; étranger et de t’accueillir ; nu et de te vêtir ; malade ou prisonnier et de venir te voir ? ». Ils n’attendaient aucune récompense de leur altruisme, pas même le Paradis. Et voilà que ses portes s’ouvrent aux âmes de bonne volonté, qui n’auront pas ménagé leurs forces et qui auront même risqué leur vie, pour sauver celle des autres et jusqu’à celle d’inconnus.
Alors se révèle le visage de Dieu et se dessine son royaume dès ici-bas. De là résonne un chant, qui tient en un simple refrain : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »… Un simple refrain il est vrai, mais qui, seul, permet d’entendre le son de la liberté qu’offrent les enfants de Dieu.
Père Raphael Prouteau, curé
Ces dernières semaines, se sont tenus des rassemblements importants pour la vie de notre Eglise ! Bien sur, en juillet, il y a eu les J.M.J. au Portugal ; puis il y a eu, pour l’Eglise universelle, à Rome, le Synode, dans sa forme particulière, en septembre ; et pour l’Eglise de France, au début des vacances de la Toussaint, à Lourdes, l’assemblée « Kerygma », dont le sujet de réflexion et de travail concernait la transmission de la Foi, que ce soit pour les enfants et les jeunes mais aussi pour les catéchumènes ; et puis cette semaine, à Lourdes aussi, l’assemblée des Evêques de France.
Pourquoi rappeler tous cela ? Notre appartenance à l’Eglise du Christ ne se vit pas que sur la Vallée de Chevreuse ; nous avons chacun à porter attention à la façon dont vit l’Eglise universelle : les joies et les peines de l’Eglise en Asie, en Afrique ou en Amérique sont aussi les joies et les peines de l’Eglise en Vallée de Chevreuse ! A chaque Messe dominicale, notre prière se fait prière universelle : de quoi est-elle nourrie ?
Pour trois rencontres, nous sommes invités à une réflexion sur la SYNODALITE ; mais déjà, le 1° octobre, c’est une mise en action que nous avons vécue pendant cette journée ; cela faisait suite à des réflexions déjà vécues en paroisse ; sur le dernier « Lien des neuf clochers », l’E.A.P. nous donne un compte-rendu de son travail ; c’est bien, avec l’action de tous les groupes-mouvements-services de la paroisse, l’Eglise de Jésus Christ qui se construit sur la Vallée de Chevreuse.
Derrière tout ce qui est organisation, institutions…c’est bien d’abord l’annonce de l’Evangile pour le salut de tous les hommes qui habite l’Eglise et tous ses membres ! et cela selon la Parole de Jésus !
Comment sommes-nous attachés à la Parole de Dieu ? Comment pouvons-nous dire qu’Elle est lumière pour notre vie si nous voulons la partager avec nos contemporains ? Tant d’entre eux cherchent le sens de leur vie ! C’est bien chacun de nous qui donnons visage à l’Eglise du Christ dans notre monde ; et parce que nous le faisons ici, l’Eglise de Jésus grandit dans le monde !
Père Yves